Le matériau comme manifeste

À Babahoyo, en Équateur, le collectif d’architectes Natura Futura a conçu une maison toute de bois et de briques vêtue, comme une ode à la vie urbaine et un refus de la marchandisation.

« La maison qui vit » en Équateur

Le projet du collectif d’architectes Natura Futura, intitulé The House that Inhabits (littéralement « la maison qui vit »), vise à marquer les esprits, d’une part en s’opposant à la marchandisation de la ville qui marginalise un grand nombre de personnes, et d’autre part en conférant au matériau de construction qu’est la brique une fonction symbolique et une place centrale. L’objectif était de démontrer les multiples qualités d’un matériau de construction habituellement réservé à un groupe de population plus pauvre et que l’on a plutôt tendance à masquer qu’à mettre en valeur.

Une utilisation polyvalente

Bâtie sur un terrain de 12 x 30 m, cette habitation oblongue, baptisée The House that Inhabits, rappelle les maisons traditionnelles des villes d’Amérique latine et a été conçue pour une utilisation polyvalente. Le rez-de-chaussée accueille des locaux commerciaux, tandis que l’étage supérieur comporte un appartement et cinq salles dédiées à un usage pédagogique.

La maison étant flanquée de bâtiments des deux côtés, une galerie extérieure étroite a été aménagée, avec des murs moins hauts que le plafond qui laissent passer la lumière du jour et assurent une aération naturelle des différentes pièces. Un éclairage zénithal apporte également de la luminosité. À l’avant du bâtiment se trouve le balcon entièrement vitré de l’appartement. La charpente apparente est en bois, autre matériau synonyme de pauvreté et habilement mis en relief ici.

« L’objectif était de démontrer les multiples qualités d’un matériau de construction habituellement réservé à un groupe de population plus pauvre et que l’on a plutôt tendance à masquer qu’à mettre en valeur » - Natura Futura Arquitectura

Des briques à perte de vue

Le projet intègre toutes sortes d’utilisations et de formats de briques : en panneresses maçonnées pour les murs de séparation, ornées de joints continus sur les façades extérieures et en guise de parement au niveau du garde-corps. Lorsque la lumière tombe sur les murs, la structure rugueuse et irrégulière des briques crée une surface vivante. L’utilisation de la brique se prolonge sur le trottoir et jusqu’au banc situé devant la maison, illustrant la modernité de ce matériau haut de gamme.

Riche de ses multiples usages, The House that Inhabits offre un espace de vie sociale en milieu urbain. Elle attire l’attention sur ces petites initiatives qui contribuent à améliorer la qualité de vie dans le centre d’une ville moderne. Pleine d’originalité dans son aménagement et sa mise en valeur, The House that Inhabits est un véritable manifeste.